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MC DDV DADVSI le webmestre de la SACEM
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Commentaire du jour
MC DDV DADVSI le webmestre de la SACEM

Il y a quelques jours j'écoutais sur une radio nationale notre ministre de la culture faire la promotion d'un "joli" site au service de l'industrie phonograpique et probablement confectionné aux frais du contribuable. Pour simplifier "Lestelechargements.com" (c'est son nom) se veut un outil de médiation et de dialogue entre les créateurs téléchargés et les internautes téléchargeurs.
Comme je bosse actuellement dans le domaine de la diffusion musicale sur le net, le débat m'intéresse à plus d'un titre. J'ai donc été vérifier sur cet espace de communication si le Net favorise effectivement "les échanges amicaux entre passionnés" (dixit l'accroche du site).
En fait ça démarre très mal avec, dès l'accueil, une vidéo-flash qui compare le petit téléchargeur individuel à un animal nuisible. Donc à éradiquer.
Il y aurait déjà beaucoup à dire sur cette provocation douteuse où "l'ami passionné" se transforme en sauterelle qui ravage les récoltes telle la 8eme plaie d'Egypte.
Toutes proportions gardées cela m'évoque de la propagande nauséeuse avec les rats du "péril juif" durant l'occupation. Mais laissons les publicitaires et leurs commanditaires à leurs responsabilités sans verser dans la polémique de bas étage.

Parlons plutôt du site même :

Il est basé sur un gestionnaire de blog (DotClear) reconnu pour son accessibilité et pour sa gratuité (GPL aidant) ce qui laisserait supposer que son développement à été rapide et peu coûteux. Toutefois, selon certaines sources, il aurait été facturé 180K euros à l'état.
Techniquement le dialogue des "passionnés" repose donc sur le concept en vogue du blog que je considère personnellement comme une régression stupide du véritable site avec de vrais morceaux de HTML forgés au clavier dedans. Le blog n'est qu' un avatar lamentable du webforum, une caricature de l'authentique forum usenetien. Bref comme vous vous en doutez, je conchie le concept du blog.
Pourquoi donc choisir ce stupide outil pour faire communiquer les internautes ? Les messages se succèdent dans une monotonie assommante sans suivi, sans aucune arborescence des réponses dans la discussion.
En guise de "dialogue" on se retrouve avec une dichotomie entre l'opinion des artistes s'exprimant dans de courtes vidéos d'une part et les réactions confuses des citoyens d'autre part. Le blog ne génère en fait que des enfilades destructurées d'internautes mécontents. Non pas parceque leurs propos sont inintéressants mais simplement à cause du manque de lisibilité que procure l'outil. Enfin pour couronner le tout, les sujets de réactions sont tous clos par un message laconique: "Les commentaires pour ce billet sont fermés". Autrement dit il faut être là le jour J pour espérer voir son avis publié. Moi j' étais là le jour K, pas de chance !
En conclusion sur le plan communication & ergonomie notre ministre et ses sponsors méritent juste un 3/20 et nous leur conseillerons de revoir leur copie.

Sur le fond :

Il est dommage de ne pas pouvoir mener une véritable controverse avec les artistes menacés par le téléchargement pour essayer de placer le débat sur un plan plus représentatif qu'un brave cultivateur face à une invasion de criquets.
Une allégorie plus honnête devrait plutôt évoquer un boutiquier défendant son fond de commerce face à des chapardeurs irresponsables. D'ailleurs les auteurs compositeurs ne s'en cachent pas, dans cette affaire ils se présentent avant tout comme des entrepreneurs.
Mais qu'est ce qu'un entrepreneur si ce n'est un commerçant doté d'une stratégie ?
Nous pouvons ainsi examiner les griefs de l'industrie phonographique à la lumière de cette analogie et nous poser les questions suivantes :

Que vend le commerçant spolié ?

Pour la phonographie ce sont des ondes acoustiques (pour le cinéma on y ajoutera les ondes électromagnétiques) organisées de façon à procurer du plaisir ou de l'intérêt à celui qui les perçoit. Le prix de vente de ces ondes intègre les frais des divers intermédiaires et les coûts logistiques du label fournisseur dont une grande partie correspond aux investissements promotionels.Tant que le support de stockage de ces ondes était matériel, le coût de ce bien était justifié à défaut d'être légitime. A l'ère du virtuel, si la logistique persiste elle s'affranchit du transport, du stockage et de la publicité.

D'où viennent les bénéfices ?

A l'heure actuelle le coût de production et de distribution d'une oeuvre ne subsiste que dans les moyens nécessaires à sa création, son conditionnement et sa livraison électronique. Même si ce coût n'est pas négligeable il est sans rapport avec celui du support traditionnel et il est difficile d' expliquer certains tarifs actuellement en vigueur sur les sites officiels (entre 1 et 2 euros le titre).

D'où vient la menace ?

Si le numérique facilite la production il permet également la duplication à outrance voir la transformation. Le producteur ne contrôle donc plus l'offre ni sa diffusion. Il n'y a pas de parade absolue à la duplication. Cette donnée etant acquise, le commerçant ne peut donc que se protéger de manière légale. Son intérêt est d'exiger du législateur qu'il protège ses droits. Or cette exigence de protection est liberticide car elle implique un processus intrusif inacceptable. Il y a par ailleurs un risque de voir se généraliser la protection au point d'etouffer la diffusion des oeuvres libres et gratuites. Rappelons que le marché des oeuvres protégées n'a pas le monopole de la création artistique. Enfin il faut noter que la plupart des catalogues numériques ne sont pas complets (par exemple je cherche à obtenir légalement mais sans succès les titres des Beatles ou bien de Gotainer !!)

Comment peut il se protéger ?

Simplement à l'aide du DRM (digital right management) qui est un système verrouillant un contenu multimédia à l'aide d'un cryptage performant. Le problème c'est qu'il n'y a pas de standard en la matière et qu'il faut généralement obtenir une clé de décryptage sur un site distant. En définitive le péril réside surtout dans l'incapacité des labels et autres producteurs à gérer un contexte qui leur échappe. Les professionnels de l'industrie musicale voudraient placer un gendarme derrière chaque IP(*) un peu comme certains en souhaitent derrière chaque conducteur sur la route. Reste que la surveillance routière est plus protectrice que mercantile. Quoiqu'il en soit sur le Net comme sur la route l'usager n'est pas systématiquement un consommateur et les oeuvres à l'instar des autoroutes ne sont pas toutes payantes :-).

Enfin ésperons que notre ministre est conscient que le tout répressif est techniquement irréalisable et moralement indéfendable.

Quelques questions pour finir : Comment fonctionne la protection des oeuvres picturales sur le Net ?
Le problème n'a jamais eu le même retentissement. Moins d'argent en jeu tout simplement ?
Mais alors s'agit il de débattre de principes civiques ou simplement du manque à gagner de certains artistes vedettes ?

(*) Une Adresse IP est une suite numérique identifiant un système connecté sur le Net.

ohm